Le 26 janvier 1852 : naissance de Savorgnan di Brazzà

Né à Castel Gandolfo, Pietro Paolo Savorgnan di Brazzà ( il francisera son nom en Pierre Paul Savorgnan de Brazza, lors de sa naturalisation en 1874 ) fut un explorateur pacifique et altruiste. Son père était un noble d'Udine, cultivé et voyageur, qui avait de nombreux amis français, dont le prestigieux amiral Louis de Montaignac. Avec son soutien, Pietro vint à Paris et suivit les cours du collège Sainte-Geneviève pour préparer le concours d'entrée à l'École navale de Brest. Il y rentra à 17 ans et en ressortit enseigne de vaisseau pour embarquer sur la " Jeanne d'Arc " pour l'Algérie. Là-bas, il fut horrifié par la violence de la répression de la révolte kabyle par les troupes françaises. Lors de la guerre de 1870, il se retrouva sur le cuirassé " La Revanche ", dans l'une des escadres de la mer du Nord. Avec l'avènement de la IIIe République, il fut affecté sur la frégate " Vénus " qui faisait régulièrement escale au Gabon. En 1874, il remonta deux fois le fleuve Gabon et l'Ogooué et proposa au gouvernement d'explorer l'Ogooué jusqu'à sa source, afin de démontrer que ce fleuve et le Congo ne faisait qu'un. Avec l'aide d'amis bien placés, comme Jules Ferry et Léon Gambetta, il obtint des subsides, qu'il n'hésita pas à compléter avec ses propres ressources ( sa famille donna cinq fois plus que le gouvernement français ). Pour cette expédition qui dura de 1875 à 1878, il se munit de toiles de coton et d'outils pour le troc. Il était seulement accompagné d'un docteur, d'un naturaliste et d'une douzaine de fantassins sénégalais. Il s'enfonça dans l'intérieur des terres et réussit à entretenir de bonnes relations avec la population locale, grâce à son charme et son bagout. Le 11 août 1878 Brazza et ses compagnons, fatigués et malades, décidèrent de faire demi-tour. De retour à Paris, il obtint l'accord du gouvernement français pour une deuxième mission financée par la Société française de géographie ainsi que par les ministères de la Marine, des Affaires étrangères et de l'Instruction publique. Parti le 27 décembre 1879, elle atteignit le fleuve Congo en 1880. Brazza proposa à Illoy Ier, Makoko de Mbe, roi des Tékés, de placer son royaume sous la protection de la France. Ce dernier, poussé par des intérêts commerciaux et par la possibilité d'affaiblir ses rivaux, signa un traité permettant un établissement français à Nkuna sur le Congo, qui sera appelé plus tard Brazzaville. En tentant de rallier l'océan depuis Franceville, Brazza tomba par hasard sur le but premier de ses recherches : les sources de Ogooué. Le 30 novembre 1882, la loi ratifiant le traité d'amitié signé avec Illoy Ier fut promulguée et les régions découvertes furent placées sous protectorat français. Un mois plus tard, de nouveaux crédits furent votés pour une troisième expédition. En novembre 1885, il fut nommé commissaire général du Congo français. Le 12 août 1895, il épousa Thérèse Pineton de Chambrun, descendante de La Fayette. En 1897, il s'opposa à la décision du ministre des Colonies, André Lebon, de soumettre les territoires gagnés à la France au régime de la concession, déjà en vigueur au Congo belge pour ne pas livrer les populations à la cupidité des sociétés capitalistes privées chargées de « mettre en valeur » ce territoire de 650.000 km² composé du Gabon, du Congo et de l'Oubangui-Chari. En janvier 1898, il fut est écarté et placé « dans la situation de mise en disponibilité » après qu'il se fut opposé à l'expédition Marchand qui se termina avec le honteux épisode de Fachoda, qui affaiblit sérieusement la réputation internationale de la France et sa position stratégique en Afrique. Il se retira à Alger et le territoire de l'Afrique Equatoriale française fut subdivisé entre 40 compagnies concessionnaires qui se partagèrent l'exploitation de ces pays, décimant les populations soumises aux violences et aux brutalités : portage, travaux forcés, réquisitions et répression de toute tentative de résistance. En 1905, à la suite du scandale de l'affaire Toqué-Gaud, on lui demanda d'inspecter les conditions de vie dans ces colonies, qui s'étaient détériorées pendant son absence. Au retour de cette mission entreprise pour sauvegarder les droits des indigènes et l'honneur de la nation, il fut atteint de fortes fièvres et contraint de débarquer à Dakar où il décèdera le 14 septembre 1905, veillé par sa femme et le capitaine Mangin. Le bruit courut qu'il avait été empoisonné et l'Assemblée nationale s'empressa de mettre son embarrassant rapport sous l'éteignoir. En sa qualité d'officier de marine aristocrate, élégant, héroïque, révolté par l'esclavagisme, apôtre de la paix, et surtout désintéressé, on proposa de l'inhumer au Panthéon mais son épouse refusa cet honneur et obtint qu'il soit inhumé à Alger, en terre africaine ...

La construction du chemin de fer Congo-Océan, reliant Pointe-Noire à Brazzaville, illustre les exécrables conditions de travail que combattit farouchement Brazza : entre 1921 et 1934 ce chantier causa la mort de 15 à 30.000 africains ( on a dit " un mort par traverse " ! )