Le 13 février 1855 : naissance de Paul Deschanel

Paul Deschanel est né à Schaerbeek où son père, Emile Deschanel, s'était exilé à la suite du coup d'État du 2 décembre 1851. En 1859, suite à l'amnistie promulguée par Napoléon III, sa famille revint à Paris. Elève au lycée Bonaparte ( aujourd'hui Lycée Condorcet ) il est considéré comme « intelligent mais bavard, agité et dissipé ». Ce n'est qu'en 4ème que son parcours scolaire devint brillant et le 10 août 1871 il obtint son baccalauréat de lettres, puis très rapidement sa licence. Sa carrière politique commença lorsque les républicains décidrent de nommer dans tout le pays de nouveaux fonctionnaires pour éradiquer toute possibilité de crise politique. En 1877, Émile Deshayes de Marcère, ministre de l'Intérieur, le nomma sous-préfet. En 1901, il épousa Germaine Brice de Viel qui lui donna 3 enfants, dont Louis-Paul mort pour la France en 1939 au premier jour de l'invasion allemande. Candidat aux élections présidentielles de 1899, 1906 et 1913, il fut finalement élu président de la République le 17 janvier 1920. Au jour de son élection, il interpella son principal et plus farouche rival, Georges Clemenceau, en ces termes : « Vous avez gagné la guerre, nous gagnerons la paix. ». Le 23 mai 1920, au cours d'un voyage en train à destination de Montbrison, s'étant penché par la fenêtre de son compartiment alors qu'il éprouvait une sensation d'étouffement, il chuta accidentellement du wagon. Heureusement, le convoi circulait à ce moment-là à faible allure dans une zone de travaux et il ne fut que légèrement blessé. Tout ensanglanté, en dépit du caractère bénin de ses blessures, relativement hébété et vêtu de son seul pyjama, il rencontra un ouvrier cheminot à qui il se présenta comme étant le président de la République. L'image des hommes publics étant à l'époque encore peu diffusée dans la population, celui-ci se montra sceptique - pensant à première vue avoir affaire à un ivrogne - et le conduisit jusqu'à une maison de garde-barrière toute proche, où il fut soigné et mis au lit. Le garde-barrière, impressionné par la dignité du blessé et la cohérence de ses explications, alla prévenir les gendarmes. Pour la petite histoire, son épouse aurait dit à des journalistes : « J'avais bien vu que c'était un monsieur : il avait les pieds propres ! ». Cet incident donna lieu dans la presse de l'époque à de nombreuses caricatures, souvent cruelles, et inspira la verve des chansonniers. Son mandat ne dura que 9 mois, car sujet à des crises d'angoisse liées notamment aux contraintes de sa présidence, il démissionna le 21 septembre 1920 et dès le lendemain se fit volontairement interner dans une maison de repos. Une fois « libéré » de la présidence de la République, son état s'améliora très rapidement et il fut élu sénateur d'Eure-et-Loir, le 9 janvier 1921, puis à la présidence de la commission des Affaires étrangères du Sénat en janvier 1922. Il ne fut visiblement pas le président fou que l'on crut car les personnes qui le côtoyèrent à cette époque ne relevèrent pas le moindre signe de démence. Au contraire, c'était un homme en pleine possession de ses moyens intellectuels qui commençait une seconde carrière. Celle-ci fut de courte durée, car victime d'une pleurésie, il s'éteignit le 28 avril 1922 sans avoir pu faire oublier la légende noire, qui le poursuit jusqu'à nos jours ...