Le 10 mars 1906 : catastrophe de Courrières

La catastrophe de Courrières fut la plus importante catastrophe minière d'Europe. Ce jour là, à 6 h 34, un « coup de poussière » d'une rare violence ravagea en quelques secondes 110 kilomètres de galeries communes aux trois fosses situées sur les territoires de Billy-Montigny ( fosse 2, dite Auguste Lavaurs ), Méricourt ( fosse 3, dite Lavaleresse ), Noyelles-sous-Lens et Sallaumines ( fosse 4, dite Sainte-Barbe ). Il fut probablement déclenché par un coup de grisou dû à l'utilisation de lampes à feu nu. Contrairement à ce que l'on a longtemps pensé, l'incendie qui s'était déclenché les jours précédents n'en serait pas directement la cause bien qu'il ait largement contribué à dégrader les conditions de travail au fond ( gaz toxiques ) et donc à augmenter la mortalité. En effet, le 7 mars, un feu avait été découvert dans l'une des veines de la fosse de Méricourt. Les ingénieurs et les chefs porions décidèrent d'édifier des barrages pour l'étouffer. Pierre Simon, un délégué-mineur, demanda à ce que personne ne descende tant que le feu ne serait pas éteint, mais son avis ne fut pas suivi. L'accident fit officiellement 1 099 morts, sur près de 1 800 mineurs descendus ce jour-là, mais le bilan réel est probablement supérieur en raison de la présence de travailleurs « irréguliers ». Pris au piège, la plupart des ouvriers moururent asphyxiés ou brûlés par les nuées ardentes de gaz toxique. À ce bilan doit encore être ajouté le décès d'au moins 16 sauveteurs qui intervinrent dans des conditions de sécurité et d'hygiène précaires. Vingt jours après l'explosion, treize rescapés réussirent à retrouver le jour par leurs propres moyens après avoir erré dans le noir total sur des kilomètres, mangeant le peu qu'ils trouvèrent y compris de l'avoine et un cheval qui fut abattu à coups de pic. Un quatorzième survivant fut retrouvé le 4 avril, par une équipe de secouristes allemands qui avaient offert spontanément leur aide et apporté les appareils respiratoires qui faisaient défaut aux compagnies minières locales. Il y aurait probablement eu moins de morts si les recherches n'avaient pas été arrêtées dès le troisième jour et si une partie de la mine n'avait pas été murée pour étouffer l'incendie et préserver le gisement. Cette catastrophe et sa gestion provoqua une crise politique et un vaste mouvement de grève qui déboucha sur l'instauration du repos hebdomadaire et la suppression des lampes à feu nu au profit des lampes dites de sûreté ( lampes Davy ) ...