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Lecture d'un texte d'Atiq RAHIMI, qui dresse un portrait magnifique d'une femme dans le chaos et la désolation d'une guerre fratricide :

Dans un pays en guerre, probablement l'Afghanistan, une femme veille sur le corps de son mari, blessé d'une balle dans la nuque par l'un des hommes de sa milice, et plongé depuis trois semaines dans un coma profond. Cet homme, aux yeux grand ouverts et au souffle régulier comme les prières inlassables de son épouse qui le maintient en vie par perfusion d'eau sucrée-salée, est un combattant de toutes les luttes qu'a traversées son pays. Homme d'armes et de guerre, il fut un mari absent, violent, marié en son absence à cette jeune femme dont il a eu deux filles. La femme entame un long monologue avec son mari, faisant de lui selon la culture perse sa syngué sabour, sa pierre de patience, présente pour recueillir les confessions du monde et les absorber jusqu'à son implosion finale. Elle lui dévoile tous ses secrets d'enfance, de jeune fiancée mariée par son père, et d'épouse qui malgré la peur et la violence de son époux a appris à l'aimer. Les confessions se succèdent, et la femme se délivre au milieu de la guerre qui l'entoure et la touche au plus intime, espérant par là même faire sortir l'homme de son coma que rien ne semble perturber. Après une ultime révélation ou peut-être dans un songe, la syngué sabour, comme le prétendait la tradition, éclate.

Entrée libre