Le 7 décembre 1815 : exécution du Maréchal Ney

Il naquit le 10 janvier 1769 à Sarrelouis en Lorraine.

Fils d'un ouvrier tonnelier, en 1787 il abandonna un paisible travail de bureau pour devenir simple hussard dans le régiment Colonel-Général de Metz. Il devint sous-officier à la Révolution française. En 1792, le général Kléber le fit nommer lieutenant de l'armée du Rhin, capitaine en 1794, puis chef d'escadron et adjudant-général. Il était surnommé « l'Infatigable » par ses hommes.

En 1796, il devint Général de brigade sur le champ de bataille et est promu Général de division en 1798. Nommé commandant de l'armée de Compiègne en 1803, il commanda le camp de Montreuil et fit partie de la promotion de maréchaux d'empire du 19 mai 1804. Le 14 octobre 1805, il gagna la bataille d'Elchingen, décisive pour la reddition de la forteresse d'Ulm ( le 6 juin 1808, il reçut le titre de duc d'Elchingen, en souvenir de ce fait d'armes ). Présent à Iéna, le 14 octobre 1806, il emmèna ses divisions à l'assaut des lignes prussiennes, mais emporté par son élan il se retrouve encerclé. Lannes le tira de ce mauvais pas. Le lendemain, il prend Erfurt. Napoléon le surnomma le « Brave des braves ». Son commandement favori était :

  • « Direction, le trou du cul de mon cheval, chargez ! ».

Le 8 fébrier 1807, il contribua à la victoire d'Eylau grâce à l'arrivée propice et inespérée du 6e corps qu'il commandait. La victoire de Friedland peut aussi être mise en partie à son crédit. En Espagne, sous les ordres de Masséna, il fut moins heureux à cause de son caractère jaloux et ses disputes avec Jomini, son chef d'état-major, et surtout la haine réciproque qu'il entretenait avec le maréchal Soult. Fait unique pour un maréchal, il fut démis de son commandement et rejoignit Paris où Napoléon ne lui fit aucun reproche. L'image d'Épinal, représente à tout jamais le maréchal Ney lors de son héroïque campagne de Russie en 1812 où il y dirigeait le 3e corps d'armée. Pendant la phase offensive de la campagne, il occupait le centre du front de l'armée, et participa à des combats sanglants et frontaux tels que Smolensk ou Moskowa où il reçut une balle dans le cou. Ce dernier combat lui valut le titre de prince de la Moskowa. Lors de la bataille de la Bérézina, il remporta une magnifique victoire en faisant charger des cuirassiers sur des tireurs embusqués dans une forêt, réussissant l'exploit de faire 5.000 prisonniers avec seulement 7.000 hommes.

À Fontainebleau, il incita fortement l'Empereur à abdiquer et se rallia aux Bourbons, ce qui lui valut d'être nommé pair de France par Louis XVIII. Il fut le premier des maréchaux qui abandonna Napoléon après la capitulation de Paris. Lors du débarquement de Napoléon à Golfe-Juan le 1er mars 1815, il proposa au roi Louis XVIII de ramener Napoléon « dans une cage de fer » mais au contraire se rallia à l'Empereur. Napoléon l'appella pour commander les 1er et 2e corps d'armée dans la campagne de Belgique.

Lors de la bataille de Waterloo il fit preuve, comme à son habitude, d'une activité débordante. On dit qu'ils avaient les vêtements lacérés, le visage souillé de boue et de sang, et le chapeau perdu, partant à l'attaque en s'écriant :

  • " Venez voir comment meurt un maréchal de France "

Tous les témoins dirent qu'il cherchait la mort, mais que celle-ci ne voulut pas de lui. Après la défaite, vint le temps des règlements de comptes. Napoléon dès son retour à l'Élysée culpabilisa ses maréchaux et notamment le maréchal Ney et le maréchal de Grouchy. Le maréchal Davout prit la défense de Ney en disant :

  • " Sire, il s'est mis la corde au cou pour vous servir ! "

A la seconde Restauration, il fut décidé que ceux qui s'étaient mis au service de l'Empereur avant le 20 mars 1815, date à laquelle Louis XVIII avait quitté la capitale, étaient des traîtres. Fouché établit la liste, avec un seul maréchal sur cette liste et tout en haut : le maréchal Ney. Il fut arrêté au château de la Bessonie, près d'Aurillac. Il arriva à Paris sous escorte le 19 août et fut aussitôt incarcéré à la Conciergerie puis fut transféré à la prison du Luxembourg. En chemin, le Général Exelmans, lui proposa de le délivrer et de l'escorter où il le souhaitait, mais il refusa. On dit que des officiers vinrent le libérer à la prison du Luxembourg, mais qu'il refusa aussi. Il fut jugé par la Chambre de Pairs où Talleyrand, qui dit ne pas vouloir participer à un tel crime, se fit dispenser. Le débat fut à sens unique car la Chambre des pairs était à forte majorité monarchiste et par 128 voix il fut condamné à mort.

La sentence fut rendue le 6 décembre 1815 à onze heures et demie du soir. Son épouse implora sa grâce auprès de Louis XVIII, qui lui aurait dit qu'il était favorable à cette requête, mais que seuls Wellington ou la duchesse d'Angoulême ( fille de Louis XVI ), pouvaient en prendre la décision. La maréchale alla alors, demander grâce à Wellington qui accepta tout d'abord, puis renonça devant les difficultés et les obstacles. Puis, elle alla voir la duchesse d'Angoulême qui refusa sèchement ( elle dit plus tard, après avoir lu les témoignages du comte de Ségur, qu'elle regrettait son geste et que s'il elle avait su qui était réellement le maréchal Ney, elle aurait accordé sa grâce ).

Le lendemain à 8 h 30 une voiture vint chercher Ney pour l'emmener avenue de l'Observatoire. Le maréchal refusa qu'on lui bande les yeux et s'écroula sous les balles, face contre terre.