Extrait du Bulletin Municipal n°24 de juillet 2007 :

Depuis des millénaires et des millénaires tu as été le témoin impassible de cette charmante région au nord des Monts du Forez. Tu as subi les outrages du temps, du rude climat de ce coin d'Auvergne.

Rien, ni la rigueur des froids polaires d'hiver, ni les brûlants rayons du soleil du climat continental qui est le nôtre n'ont eu de prise sur ta puissante carapace qui en courbant l'échine est restée insensible.

Tu as vu apparaître tes cadets des Monts Dôme et des Monts Dore qui ont la prétention de s'enorgueillir de leur jeunesse. Mais !

Tu as été le témoin discret de l'évolution des territoires de la région et en particulier de celui de notre commune de Vollore-Montagne, de ses habitants, des périodes fastes et de celles des vaches maigres.

Ton regard imperturbable suivait le lever de l'astre solaire derrière ce magnifique massif du Mont-Blanc, qui dès l'aube inondait les immenses plaines de la région Rhodanienne et du Forez pour se diriger, dès midi passé, vers l'Ouest, vers l'Auvergne, vers la vaste plaine de la Limagne, vers la chaîne des Dômes et des Dores, jusqu'au Puy Mary et au Plomb du Cantal où il disparaissait dans une palette de couleurs flamboyantes.

Toi tu as vu ces immenses territoires, que tu balayes de ton regard, partagés par les Crêtes des Monts du Forez, pour devenir à l'Est la Région Rhône-Alpes et à l'Ouest notre belle Auvergne.

Pourquoi ?

Sans aucun doute c'est au partage des eaux que nous devons ce découpage, et n'avons pu que constater alors que nous étions catalogués Auvergnats, race d'hommes, rustiques et robustes qui sont fiers de leurs origines, sans oublier cependant que nous devons garder et développer des liens d'amitiés et de solidarités très forts avec nos voisins du Forez. En effet nous puisons chacun de notre côté les eaux jaillissantes à l'est ou a l'ouest de ces Monts du Forez, notre mère nourricière commune, car sans ce précieux liquide, aucune sorte de vie n'est possible, si ces Mont du Forez venaient à disparaitre nous serions l'un et l'autre orphelins.

Vers le début du siècle dernier, tu as pu contempler les somptueux tapis verdoyants d'herbes fines qui sentaient bon le " Méon " ( herbe sauvage très odoriférante, malheureusement en voie de disparition ) et qui étaient parsemés de vigoureuses tiges de gentiane qui s'élançaient drues comme des cierges vers le ciel, des longues trainées de pensées sauvages qui en juin - juillet apportaient une notre harmonieuse, telle une étole sur les chasubles des ecclésiastiques sans oublier les splendides myrtilliers qui s'élançaient vers le sommet pour mieux mettre en valeur peut-être ta majestueuse présence.

A cette époque les bergers, les cueilleurs de champignons et les promeneurs du dimanche venaient jusqu'à toi, caresser tes flancs rugueux ou grimper sur ton sommet pour contempler l'immensité de ce paysage qui va des Alpes jusqu'au Monts du Cantal.

C'était l'époque où notre population devait et pouvait à juste titre revendiquer l'identité de paysans de la Montagne. Etait-ce la belle époque ?

Depuis le temps ont bien changé et dans la deuxième partie du 20 ème siècle tu as vu la disparition complète de nos exploitations agricoles familiales. Les superbes pâturages de montagne ont subi le même sort, sous une vague verte de végétation sauvage et de plantations de résineux qui ont tout envahi, tout écrasé et nous ont volé l'identité de notre territoire.

Tu as assisté comme tous les Vollorois à ce désastre écologique qui a vu disparaître tous les points de vue de notre belle campagne, et porté une atteinte néfaste à l'ensemble des territoires ruraux de demi montagne.

Toi-même n'avais pas échappé à ce désert vert, mais avant qu'il ne soit trop tard les Vollorois dans un élan de solidarité pour sauver un patrimoine naturel ont régi, considérant que ta présence faisait partie intégrante de leur âme et de leurs mémoires et ont donc pris la décision de valoriser et pérenniser le site sur lequel tu présides.